Des habitations (plus) intelligentes

Les «smart cities» sont en vogue depuis plusieurs années. Le terme «smart» est synonyme de mise en réseau des infrastructures et des habitants en faveur d’une utilisation judicieuse des ressources et d’une qualité de vie optimale. La Suisse est bien placée dans le classement «smart» : selon le «Smart City Index 2017» du groupe EasyPark, Zurich se classe 4e et Genève 9e dans la liste des villes les plus intelligentes du monde. La championne est Copenhague, devant Singapour et Stockholm. Selon les jurés, Zurich et Genève sont toutes deux remarquables par leur qualité de vie, leur système exemplaire d’élimination des déchets, leurs bâtiments plus intelligents que la moyenne et leur très bonne infrastructure de transports publics. En termes de covoiturage et de volume de trafic, Zurich et Genève pourraient faire encore mieux. D’autres villes caracolent en tête elles aussi grâce à leurs nombreuses bornes wi-fi permettant d’accéder très rapidement à internet.

La société soeur de Google, Sidewalk Labs, veut aller au-delà du classement Smart City Index et établir de toutes nouvelles normes. À Toronto, au Canada, on va créer LA smart city sur une superficie de 50'000 mètres carrés près du port, actuellement décrite par la MIT Technology Review comme un fouillis de ciment et de terre. La première étape, appelée «Quayside», se distingue par un minimum de trafic privé, un maximum d’espaces ouverts entre les bâtiments avec des appartements intelligents, des robots pour le transport public automatisé, pour l’élimination des déchets ou encore pour des tâches de sécurité, ainsi qu’une mise en réseau de l’ensemble qui rappelle l’interaction des applications sur smartphone. En d’autres termes : les habitations sont construites en utilisant des technologies dernier cri, où commande électronique des appartements, appareils et infrastructure du quartier sont interconnectés et où les résidents se voient ouvrir un pack numérique complet et sans souci. C’est super quand on est prêt à stocker et à évaluer toutes les données de manière centralisée, de la variation de la lumière au contenu du réfrigérateur en passant par les habitudes de sommeil et les activités de loisirs. Mais «uayside» ne fonctionne pas sans la «pieuvre informatique». Avant même que Cambridge Analytica et Facebook n’aient déclenché une tempête journalistique, le thème des données liées au spectaculaire projet de construction et de réseautage à Toronto est devenu un sujet de conversation extrêmement sensible.

Indépendamment des discussions sur la réglementation relative au traitement des données, il semble indéniable que la mise en réseau de l’industrie de la construction et de l’immobilier va progresser rapidement et sera menée à terme : la planification, la construction et l’entretien seront réalisés sur la base du «BIM» ( Building Information Modeling ). De nombreux acteurs ne voient aucune chance de survie à long terme pour les sociétés de gestion immobilière classiques, car Blockchain and Co. régulera directement la relation entre les propriétaires immobiliers et les résidents potentiels ou actuels. Et la maison intelligente ellemême, ou «smart home», est bien plus qu’une question marginale.

bonaLifestyle : Ivo Bracher, qu’entendez-vous par habitat
«intelligent» ?

Ivo Bracher : Pour moi, le bien-être vient au premier plan. Les appartements sont intelligents lorsqu’ils sont capables de refléter parfaitement toutes les phases de la vie des résidents. Les appartements doivent plaire à tout le monde. Mais les plus jeunes doivent être convaincus du confort et du style de vie de la maison. Les personnes âgées bénéficient d’une sécurité accrue, de solutions d’alarme et de secours 24 heures sur 24 et de la possibilité de vivre le plus longtemps possible dans leurs propres murs. Si tout cela est garanti par le lotissement, l’infrastructure, l’architecture, l’appartement, les appareils électroménagers et la technique domestique ou la mise en réseau du tout, alors les habitations sont vraiment «intelligentes».

Cela ressemble au projet de Toronto mentionné dans notre introduction.

Tout à fait. Bien sûr, nous ne construisons pas dans les mêmes dimensions qu’Alphabet, la société mère de Google, mais nous répondons aux mêmes besoins sociétaux en termes de mise en réseau et de numérisation de la branche immobilière dans les petites et moyennes entreprises. Nous ne serons pas en mesure d’offrir une élimination entièrement automatisée des déchets, mais la mise en réseau des appareils, le contrôle de l’habitation et la connexion des services de mobilité constitueront certainement un élément clé de notre stratégie. Est-ce une vision d’avenir ? Nous construisons sans problème majeur depuis plus de vingt ans. Depuis plus de dix ans, nous offrons des solutions d’alarme et de sécurité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, y compris des infrastructures d’accès aux clés pour des opérations de sauvetage ultrarapide en cas d’urgence. Nos «living services» sont de plus en plus demandés depuis environ cinq ans – en plus de nos propres concierges et femmes de chambre, qui sont aujourd’hui plus de 80, nous avons intégré un grand nombre de prestataires de services tiers locaux à notre réseau logistique. Enfin, ces dernières années, nous avons testé de manière intensive des solutions «smart home» dans un environnement réel. La construction, la sécurité, les «living services» et le «smart home» sont interconnectés et en activité dans tous les lotissements les plus récents de nos entreprises. Nous avons donc quitté l’étape de la «vision d’avenir» depuis bien longtemps déjà.

Comment vit-on concrètement dans un appartement bonacasa de la dernière génération ?

L’habitation est lumineuse, avec des espaces généreux, des matériaux de haute qualité et écologiques. De plus, les portes de l’immeuble et de l’appartement peuvent être ouvertes à l’aide d’un téléphone portable ou d’une tablette si nécessaire. Lorsqu’on quitte l’appartement, il suffit d’appuyer sur un interrupteur principal et toutes les dources d’alimentation importantes, y compris par exemple celle d’un fer à repasser allumé, sont coupées. Les stores et les lumières peuvent être réglés à volonté et enregistrés selon divers scénarios – par exemple, un scénario «nuit» qui éclaire discrètement le trajet du lit aux toilettes pendant la nuit. Les personnes à mobilité réduite peuvent se déplacer dans tout le quartier sans avoir à franchir de seuil et accéder sans obstacle au grand balcon qui fait partie de chaque appartement. Bien entendu, le service clients répond à tous les souhaits individuels. Les boîtes aux lettres signalent de manière proactive quand le courrier est dans les compartiments, les boîtes d’échange de marchandises prennent en charge les besoins de la génération Zalando et les portes du bâtiment s’ouvrent automatiquement avec les puces correspondantes. En cas d’urgence, des alarmes peuvent être déclenchées 24 heures sur 24 et grâce à l’infrastructure mise en place, l’aide arrive dans l’appartement affecté par l’urgence en quelques minutes.

Et quels sont vos projets ?

Le scénario décrit ici a été testé et est en constante évolution. Parmi les nouveaux projets, citons l’expansion de nos solutions de mobilité. Le covoiturage est un sujet d’actualité, de même que les bornes de recharge avec facturation individualisée dans les garages souterrains ou les e-bikes à louer dans les lotissements. Tout sera disponible sous réservation et gérable via notre application. Il existe toute une série d’innovations en matière de planification ou de planification avancée.

Le Smart Living Loft est-il aussi une de vos innovations ?

Exactement. Nous voulons présenter l’état de développement des entreprises bonainvest et de nos partenaires dans un environnement adapté. Dans le Smart Living Loft, les possibilités de «smart living» peuvent être expérimentées aujourd’hui et demain. ABB, V-Zug, Sanitas Troesch, FMB, Philips, Pfister et bien d’autres sont de la partie. Nous invitons toutes les personnes intéressées, particuliers ou organisations, à venir visiter le Smart Living Loft.

L'article paru dans l'édition d'octobre 2019 du magazine "bonaLifestyle".